Poésie

Malheur au premier

Je vis dans la boue, la fange, là où la vie grouille comme un étang infesté.
Des corps à corps désaccordés, des chassés croisés sans trop d'issue, des effluves nauséabondes d'amour putréfié..
Malheur à celui qui aimera en premier
Des femmes pleurent la pureté de leurs amours d'antan,
des hommes, décalottés à coups de dents, perdent leur sang,
des morts vivants continuent à jouer, sans trop y croire, juste pour s'occuper.
Malheur à celui qui aimera en premier

Isabelle Paris

L'espoir de l'aube

Est ce le fruit du hasard?
Ou celui du destin?
Qui sur une petite route
Fit mien ton chemin
Un regard d'azur
Qui suspend le temps
Sous le vaisseau d'acier
Glisse le bitume
Et mon coeur retourne
Aux douces brumes
Des rêves abandonnés
Aux îles du passé
Est ce le fruit du hasard?
Ou celui du destin?
Sur le chemin des doutes
Si ce hasard est mien
Que les choses soient écrites
Ou qu'elles ne le soient point
J'en suivrai le sens
Si m'accompagner
Tu veux bien
Jusqu'à demain matin

Renaissance

Un désespoir sans fin
Une illusoire attente
Un souffle que l'on retient
Un espoir dans la tourmente
Un vent de déraison
Une vague de démence
Et puis un calme plat

Le silence

Un enfant qui rit
Un instant qui vit
Une poussée d'espérance
Un bourgeonnement de confiance

La renaissance

Amertume

Plus que les refus
Plus que les silences
Plus que les échecs
Plus que les tromperies
Plus que les amitiés perdues

Amère est la sentence
Prononcée avant
Que l'on vous ai connu

Sur le quai je suis resté sans voix
Bénédicte

Condamné
Etranglé
Pendu au fil du téléphone
Exécuté sans appel
Sans lendemain
Sans même une dernière volonté

Mais nous ne connaissons pas

Avais-tu répliqué

Champs de batailles

Si champs et terres
Devaient garder
A jamais
La couleur
Des sangs versés
Par les hommes
A l'hôtel des dieux de la guerre
Et de leur infinie cupidité

Si chemins et routes
A jamais
Devaient garder
Le flot des larmes
Que femmes
Et enfants
Y ont versés

Serions nous différent ?

Ecoute

Ecoute
Pousser l'arbre
Ecoute
La lumière
Ruisseler dans ses rameaux de printemps
Ecoute
Le cri de la roche
Prisonnière de ses racines
Qui sent venir son heure
Ecoute
Le chant de la sève
Qui jaillit sous l'écorce
Ecoute
L'oiseau
Qui sur la plus haute branche
Siffle sa romance

Bois

Bois des îles
Bois d'ailleurs
Bois d'ébène
Bois précieux
Bois de rose et de violette
Bois d'avant ou d'autrefois
Bois de charpente
Bois d'amourette
Bois d'acajou
Bois de santal
Bois de Corail
Bois de Zebrano
Bois de croix ou de potence
Bois de mon sapin

Bois

L'arboriculture

Chaque jour
Plus profondément
Dans les entrailles
Du savoir de la terre

Chaque jour
Plus haut
Cherchant mon chemin
Vers la lumière

Chaque jour
Plus robuste
Je bâtirai la charpente
De mon destin

L'absence

Cruelles absentes
Violente espérance
Lointaines passantes
Dans la nuit insolente
Mon experte paume
Vous dédie
Au firmament
De mes rêves humides
L'égoïste hommage
D'un amant esseulé

O belles étoiles
Etoiles filantes
Que jamais n'oublierai

Interdits

Mots pour mots
Dents pour dents
Tout cela a passé
Regards cachés
Sourires discrets
Pas un mot
Pas un bruit
Juste un murmure
Juste une caresse
Je craque
Amour simple et pudique
Jamais n'avouerai
Deux corps qui se fondent
Dans un long baiser
Secret
Aube nouvelle
Sans lendemain

Petite chapelle

Belle et simple
Faite de pierres charnelles
Qui gravées gardent
Les signes mystérieux
Des compagnons tacherons
Découvreurs de sens
Bâtisseurs d'alliance
Entre leur présent et mon passé
Entre leur devenir et mon quotidien
Je les sent tout proche
Leurs murmures
Dont résonne cette voûte sacré
M'appellent à devenir

A même la terre
Gis maintenant
Le linceul de mes pensées
Les plus austères

Ombres

Quel étrange amour
Celui que vous portent les ombres

Sous le soleil
Si fidèles
A vos pieds accrochées
Elles suivent pas à pas
Et parfois même
Vous devancent

Puis disparaissent
S'évanouissent
Quand le ciel s'obscurcit
Ou que s'étend la nuit

Nectar

Ta petite moue coquine
Un tantinet naïve
Ton regard enfantin
Faussement surpris
Ton corsage entrouvert
M'invitent à ta poitrine
Et je dévore goulûment
Ces fruits éclatants de jeunesse
Tes soupirs m'encouragent
Au grand déballage
Alors je cherche en vain
Une culotte
Que tu ne portes pas
De tes jambes félines
Emane une odeur divine
Je m'enivre à ton nectar
Et vaincu de désir
Au fond de toi offerte
Je m'abandonne enfin

Demain

Demain est un autre jour
Hier est déjà loin

Maintenant ma mie
Dévorons la vie

Envies

Étrange sensation que ton absence
Qui m'emplit
D'une douce mélancolie
J'ai envie de toi
De ta présence
De ton âme
De tes sourires
De tes regards
De la chaleur de ton corps
De la douceur de tes lèvres
De la candeur de ton désir
Mais la patience
Donne à ton absence
Toute la justesse du poids de mes rêves
Alors doucement
Je déguste l'amertume du temps
Qui doucement s'écoule
Pour mieux apprécier l'instant
Où ma vie
Redeviendra tienne

Automne

Sur le petit chemin
Qui longe le ruisseau
Dame nature
Fait révérence
En enfilant sa plus belle parure
L'alchimie de l'été indien
Nous envoûte doucement
Et mots à mots
Pas à pas
Nous succombons
A la poésie de l'automne
Alors comme le vent dans les arbres
Tu me laisses t'effeuiller
Et je cueille une à une
Tes senteurs féminines
En un instant
Tes fesses charnues
Tes lèvres gourmandes
Ton sillon accueillant
Me font oublier
Que l'été est passé

Voyages

Plus que les mots
Plus que les gestes
Plus encore que les actes

Les parfums
Qu'au bord de votre cou
Emprisonne votre chevelure

Sont pour mon voyage
Le vaisseau le plus sûr

Vers ces îles lointaines
Où j'enfouirai ma peine

Quotidien

8 : AM
Des heures
12 : AM
Des Années
2 : PM
Une vie
6 : PM
A compter les heures
A attendre qu'elles passent
Jusqu'à la dernière

La mer qu'on séquence

Du sillon ruisselant
Quand la petite goutte
Devient l'amer conséquence
De son parcours initiatique

Que le fruit des fendues
Dévoré avec tant de hâte
Faisant de la femme fleur
Parfum de toutes convoitises
Le centre des os séants
De la norme alité

J'éprouve alors le trouble salée
Fils du masque inutilité
De l'être à parents
Qu'il me faudrait devenir

La mer qu'on séquence
Du sillon ruisselant
Quand la petite goutte
Devient la mer
Conséquence de son parcours initiatique

Que le fruit défendu
Dévoré avec tant de hâte
Faisant de la femme fleur
Parfum de toutes convoitises
Le centre
Des océans de la normalité

J'éprouve alors le trouble salée
Fils du masque inutilité
De l'être apparent
Qu'il me faudrait devenir

Esteban

Que sont ils devenus?
Esteban
Tes rêves de fraternité

Dans quel abîme
Ta candeur a t'elle sombré?

Qu'il est impitoyable
Et dur
L'océan de la médiocrité

Qu'il est glacé
Et violent
Le souffle de la lâcheté

Mais au loin
Esteban
Sur l'autre rive
Existe l'île
Dont tu as tant rêvé

Merveilleuse Alice

Sans caprices
Sans malice
Se glissent
Entre les cuisses
Lisses
De la miss
Les doigts complices
Qui à jamais finissent
De conjuguer supplices
Avec délices

Vertiges

Le précipice est à l'homme
Ce que l'air est à l'oiseau

Assis au bord du gouffre

Admirant une dernière fois
Ces belles étoiles
Qui donnent un semblant d'espoir
Au mystère des mystères

Il se demande encore pourquoi

Il mit tant de rage
A tailler le chemin
Qui le conduit à sa fin

Traces

Noirs entrelacs
Signatures à la gomme
Arabesques saccadées
Tortueuses traces

Ultime message sur le bitume
D'une vie qui se défend
De ce cruel destin
Qui cherche à la cueillir
Dans un grand fracas
D'acier et de sang

Les clefs du jardin d'éros

Je les avais perdues
Depuis longtemps
Les clefs du jardin d'éros

Mais de nouveau adolescent
Mon cœur palpite

Je t'attends
Tremblant au milieu de la nuit
Tourmenté de mille questions
Mille angoisses

Et j'ai peur
Peur de mes rêves

M'aimes tu ?

Au commencement

Au commencement
Etait la fin
La fin du poème
La fin d'une histoire
La fin d'une époque
La fin de l'hiver
La fin d'avant
D'avant le commencement

Univers

L'immensité
Nous renvoie
A l'infini petitesse
De notre égocentricité

Pourquoi ?

Devant cette peur du vide
Des questions sans réponses
Le vertige nous prend

Et l'on invente un nom
Au mystère des mystères

Et l'on échafaude
En vain
De grands espoirs
Des vies à venir
Bien moins pires
Que celles du présent

J'ai marché longtemps
Dans mes tourments

Pour accepter
De redevenir un jour
Poussière d'infini

Pour qu'après moi
Disparaisse à jamais
Ce que je suis

Pour que le temps efface
La trace
De mon présent accompli

Pour que s'arrête ma vie
Ma quête inachevée

Sans réponses claires et absolues
Aux doutes
Qui donnent un sens
A la poésie

Femmes

Je vous ai tant rêvées
Je vous ai tant haïes
Je vous ai tant enviées

Tant désirées
Tant fuies

Tant pardonnées
Tant espérées

Tant
Temps

Et le temps est parti
Il s'est enfui

Esquisse

Des arbres
A la lisière d'un ciel sans fin

L'aurore au loin
Qui m'étreint

Des odeurs d'humus
Et de champignons

Des champs d'oiseaux
Qui intriguent dans la verdure

Un hanneton doré
Vêtu de sa plus belle parure
Qui gravit la mousse
En quête d'une promise

Des roches dures et sages
Qui en ont vu passer d'autres
Depuis la nuit des temps

Et le vent
Qui dans les branches
Chante sa romance

Tel sera mon tableau
Si j'arrive à le peindre
Si beau

Raphaëlle 355

Petite fée de sous les ponts
Le doigt levé
Au bord de mon chemin
Qui crochète en passante
Les verrous de mon quotidien
Et nous voilà partis
Bifurquant de l'initiale destinée
La tête embrumée de vers
Les yeux remplis d'étoiles filantes
Vers le soleil levant
Par les chemins détournés
Qui rendent possibles les rêves humains

Douleurs

Rien n'est plus cruel
Que les promesses perdues

Des amitiés
Auxquelles on avait tant cru