Les Skuas

Concentré sur mon travail de photographie, je n'ai pas vu l'autre oiseau appelé à la rescousse par un petit cri strident. J'ai failli tout lâcher quand, arrivant par derrière en hurlant, le skua sauveur m'a frôlé avant de se poser à côté de son ou sa partenaire et multiplier à mon égard les postures d'intimidation pour me rappeler qu'ils étaient chez eux et que j'étais l'intrus. J'ai à peine eu le temps de l'éviter. Bien malgré moi, je suis bien trop près du nid, impossible à deviner en gravissant la pente du volcan. J'ai dû reculer doucement et faire un détour pour ne pas importuner davantage les volatiles. Il faut dire que les Skuas ne s'embêtent pas avec des fioritures, ils ne font pas de nid. L'œuf bleuté est posé à même le sol dans les cailloux et couvé ainsi. Les parents se relayant pendant l'incubation puis pour élever leur poussin.

La couleur peu avenante de cet oiseau de la famille des goélands lui procure en fait un excellent camouflage, tant sur l'eau que posé sur les rochers. Mais cela ne le rend pas sympathique de prime abord pour nos yeux d'humains. J'ai pourtant fini par m'attacher à ces opportunistes, moins élégants que leurs cousins. A en croire certains, il est l'oiseau que l'on a observé le plus au sud du monde sur la calotte glacière antarctique. Bien plus loin au sud encore que les endroits où vivent les célèbres manchots empereurs.
L'oiseau aventurier est un pirate qui s'adapte à son environnement en se nourrissant d'œufs et de petits volatiles, de krill et de poisson. Curieux, il n'hésite pas à s'approcher des bateaux.
Je l'ai observé en mer, posé sur l'eau ou sur un glaçon ou bien encore se regroupant en compagnie d'une vingtaine d'individus sur un même rocher. J'en ai encore vu allant se baigner et nettoyer leur plumage chacun leur tour.

Chaque jour, tout au long de notre descente vers le sud, les skuas jalonnent notre route.