
Introduction
Mon rêve blanc a commencé lorsque j'avais douze ans. Les jours de repos et de pluie, de fabuleux récits d'aventures me tenaient en haleine. Bien au chaud sous ma couette, j'embarquais pour une étrange et merveilleuse contrée, peuplée de baleines, de phoques, de manchots, de rencontres improbables, de lumières australes, de paysages incroyables.
Certains rêves vous habitent la journée entière en laissant planer un doute sur leur réalité. Ils sont si présents qu'ils semblent avoir existé et vous hantent. Là s'est forgé mon projet d'en faire autant que ces aventuriers, une fois devenu grand. Ce rêve, je l'ai entretenu, cajolé comme un rare trésor. Je lui devais bien ça, puisqu'il a illuminé ma vie. Car tout est parti de là.
Quelques années plus tard, toutes voiles dehors, je franchissais le mythique Cap Horn. Mais trop vite, tangage et forte houle eurent raison de moi. Recroquevillé dans ma bannette, je me préparais au pire. Vidé, abasourdi, cuvette à la main, je laissais l'embarcation à la solide expérience de mes coéquipiers. Je me réveillais longtemps après, le cap des tempêtes à tribord venait d'être passé d'est en ouest. Encore quelques jours, et mon rêve deviendrait réalité : je pousserais enfin les portes de l'antarctique.
C'est ce rêve blanc, gris et bleu turquoise que je vais essayer de vous conter maintenant...
S'ils ne sont pas vécus, les rêves deviennent de bien tristes et illusoires utopies.
Puissiez-vous, mes fils, vivre les vôtres.
A Vivien, Florian & Artus